Un Noël en Albanie

Pour ces vacances de Noël un peu particulières, car nous n’étions que tous les 4, nous avons décidé de partir Albanie. Comme nous venons de passer 6 mois en Grèce, nous devions faire sortir notre véhicule du territoire grec afin de prouver, en cas de problème, que nous sommes de passage et menons une vie itinérante. Nous ne sommes pas certains que cela suffise mais bon dans le doute, et puis, cela nous fait voir du pays.

Nous avons donc organisé nos vacances ainsi : les deux premières nuits prévues à Sarandë, puis le 23 décembre (40 ans de Raph) à Gjirokastër et enfin les fêtes de Noel à Korce un peu plus dans le nord-est du pays.

Nous voilà donc partis le samedi 21 décembre en direction de Sarandë via Igoumenitsa. Nous avons passé pour la première fois la frontière à « Qafë-Botë-Sagiada ». Nous passons d’abord les contrôles grecs puis ensuite les contrôles albanais dans l’entrée du pays.

Une fois libérés de ce stress, nous voilà enfin arrivés en Albanie. Pour l’instant, en dehors des montagnes sans arbres, rien ne paraît différent, même paysages, même population, même architecture.

Nous arrivons à Sarandë 30 km plus loin environ. Sarandë est une ville côtière située en face de Kerkira (Corfou pour les Français) située sur la « Riviera Albanaise ». Elle est envahie d’immeubles en tous genres abritant spécialement des hôtels ou des logements airbnb. Il parait que l’été s’y retrouvent les riches albanais et la diaspora revenant dépenser ses économies.

Notre appartement était très agréable et vraiment pas cher : environ 40 euros le nuit. Il était situé au bord de la mer, tellement près de l’eau que nous nous serions crus dans un bateau ! Le seul élément étonnant était la plaque de tôle fermant l’accès au toit et isolant toute la cage d’escalier. En tout cas, nous avions une vue imprenable sur Kerkira, de la chaleur et Netflix pour combler les envies des petits.

Le 22 décembre, nous sommes allés visiter le parc national de Butrint qui est situé un peu plus au sud de Sarandë. Sur la route, nous avons vu que cette région touristique est en plein essor avec de nombreux travaux urbains : réfection des trottoirs, canalisations, etc. Nous avons été agréablement surpris par la beauté du paysage, le calme et surtout l’authenticité des lieux. Les ruines sont intégrées à la nature dans une presqu’île faite de forêt de chênes et de végétations lagunaires.

Les Grecs sont décidément partout… mais ce site est tout de même différent. La végétation autour qui serpente entre les vielles pierres donne une atmosphère complétement différente des sites archéologiques que nous avons l’habitude de visiter. Il est particulièrement riche car se côtoient des vestiges grecques, vénitiens et Ottomans.

Nous avons poursuivi notre découverte de la région par la réserve naturelle de Syri i Kaltër surnommé « Blue eyes ». Celle-ci est situé au milieu des montagnes albanaises un peu plus dans les terres. Ce site très/trop bien aménagé propose une balade d’environ 2 km aller-retour pour atteindre le cœur de la réserve avec des eaux cristallines d’une couleur bleu azur. Il s’agit d’une source vauclusienne qui a jusqu’alors était sondée jusqu’à 50 mètres de profondeurs mais qui semble bien plus profonde encore. Il est conseillé de ne pas oublier sa gourde pour la remplir d’une eau fraiche et pure !

Nous n’avons pas pu manger sur place, car les restaurants sont fermés l’hiver. De retour à Sarandë, nous sommes retournés manger au restaurant de nos chers propriétaires du airbnb. Ils nous ont accueillis chaleureusement pour manger alors qu’il n’y avait personne dans l’établissement et qu’il était 15h. Nous avons pu déguster deux plats différents des plats grecs : une sauce blanche à base de crème et de fromage (bof) et le pain albanais qui ressemble un peu à la pita mais en plus épais et savoureux.

Le 23 décembre, nous sommes partis pour Gjirokastër situé à moins d’une heure de Sarandë. Malheureusement, nous n’avons pas pu voir grand-chose à cause d’un orage qui sévissait. Il a plu toute la journée et nous avions réservé un hôtel que pour une nuit. Nous y avons rencontré un jeune marseillais qui était en voyage à pied depuis 5 mois pour rejoindre l’Iran. L’hôtel était vraiment top, grande chambre bien chauffée avec lit Ottoman de rêve et toujours à un prix plus que correcte (80 euros la nuit pour 4 avec petit déjeuner fait maison). D’ailleurs, nous avons régler la nuit en partie en Lek et en euros car l’aubergiste n’avait pas assez de monnaie.

Malgré la pluie, nous avons pu nous balader dans les petites ruelles du vieux Gjirokastër. Nous reviendrons un jour pour visiter son château qui fut pendant un temps une prison.

Il faut noter dans ce pays la présence dans ce pays d’église catholiques, orthodoxe et des minarets des mosquées. C’est génial d’entendre les chants du Muezzin puis du Pope…

Le 24 décembre, nous avons poursuivi notre route vers Korce plus à l’Est. Mais nous avons décidé de passer par la Grèce pour éviter les routes de montagnes albanaises qui sont à priori très mauvaises voir dangereuses surtout après les épisodes neigeux qu’a connu le pays. Nous traversons donc pour la deuxième fois la frontière avec tous les contrôles qui en découlent mais cette fois ci au poste frontière de Kalpaki.

Sous les conseils de Kléo (notre voisine du 5ème) nous décidons de passer par Konitsa et de suivre la route 20 qui mène à Kastoria pour enfin retraverser la frontière et atteindre Korcé. Nous avions une contrainte horaire car nous devions être au plus tard à 15h30 à la location puisque les propriétaires avaient une célébration de Noel dans leur église à 16h30. Le GPS nous indiqué 4h de route. Etant partis à 9h du matin nous devions être à l’heure.

Mais nous n’avions pas prévu d’avoir une route aussi magnifiquement enneigée. Nous n’avions pas besoin de mettre les chaines car la route était très bien dégagée, mais celle-ci semblait par endroits verglacée. La traversée fut longue, stressante (surtout pour le conducteur) mais heureusement pas de problème et nous sommes arrivés à bon port avant d’avoir pour une troisième fois traversés la frontière et les contrôles auxquels nous étions maintenant habitués mais cette fois au poste de Téloneio Kristallopillis.

Korce est une grande ville sans grand intérêt mise à part son vieux bazar qui est surnommé « le petit Paris ». Il s’agit en fait de quelques ruelles de pavés avec tout le long de fausses vielles façades de boutique et des lampadaires à la française. C’est vrai qu’il est charmant mais manque beaucoup d’authenticité. En nous baladant dans la ville en direction des hauteurs, nous avons pu traverser les quartiers « chic » de la ville avec de vieilles maisons proposant des éléments de styles : toits terrasses en forme de dôme, portails travaillés, etc. La ville a beaucoup de vieux bâtiments et de vielles maisons toutes connectées par d’énormes toiles de câbles électriques ! Chose que nous ne voyons plus en France, encore un peu en Grèce mais là, ils battent le record !

Nous avions choisi cette ville car les décors de Noel y sont nombreux et nous souhaitions passer le réveillon dans un lieu chaleureux pour offrir aux enfants un semblant de fête ! Sur ce point, nous avons été comblés.

Durant ce séjour, nous avons découverts les commerces Albanais et notamment ses supermarchés « Spar » dans lesquels ils ne vendaient pas de fruits et légumes. Pour cela il faut soit les acheter à des vendeurs ambulants, soit dans des épiceries spécialisées.

Voilà après avoir passé les fêtes nous traversons pour la quatrième fois la frontière en direction de Aidona, le village de l’arrière-grand-mère d’Alex situé proche de Trikala. Comme ce fut le cas cet été dans le Pilion, nous avons pu voir les stigmates des intempéries de 2022 avec des rivières de pierres, des routes et des ponts raffistolées dans toute la vallée. Arrivés au village, nous y trouvons la neige. Nous n’avions rien de réservé, nous pensions manger un morceau et (au grand espoir de Raph) discuter avec les gens et trouver un logement pour la nuit. C’est ce que nous avons plus ou moins fait. Nous avons mangé à l’unique taverne café du village entouré des quelques habitués en train de boire et fumer à l’intérieur en regardant les émissions grecques montrant des célébrités révolues mangeant et chantant pour les fêtes de Noël.

Après avoir discuté avec le patron du bar, il nous laisse entendre qu’il y a certainement des vieux du village qui connaissent le nom de notre arrière-grand-mère mais qu’il faudrait repasser demain ou après-demain pour peut-être avoir la chance de les croiser. Quant au logement il y a bien un airbnb mais non disponible ce soir-là.

Alors on décide d’aller un peu plus loin dans les autres villages, plus haut sur la montagne, pour y passer la nuit et espérer voir un peu la neige pour que les enfants puissent en profiter.

Eh bien nous n’avons pas été déçus. Quelques kilomètres plus loin nous avons dû nous arrêter au milieu de la route car la neige tombait fort et la route en était recouverte. Plusieurs voitures commençaient à mettre leurs chaines. Heureusement nous avions tout prévu. Nous avons dû batailler un peu avant de réussir à mettre les chaines car cela faisait au moins 10 ans que nous n’en n’avions pas mis, mais Raph n’a pas perdu la main. D’ailleurs il en a profité pour mettre les chaines à une autre voiture. Il restait à trouver un logement. La seule chambre qui restait nous a couté presque la totalité de notre séjour en Albanie. Nous n’étions pas fiers cependant nous étions situés au milieu de la montagne enneigée et nous avons pu profiter de la neige comme il se doit ! A cause d’une tentative d’extorsion de fonds ratées, Alexia a dû batailler pendant le reste des vacances pour payer les 2 bières qu’elle avait oublié de déclarer à la patronne de l’hôtel.

Sur le chemin du retour pour Athènes, nous nous sommes à nouveau arrêté à Aidona pour discuter avec le patron de la taverne et ses clients. Ils nous ont indiqués qu’un champ portait le nom de la grand-mère d’Alexia et l’un des papou se rappelait une vieille dame qui portait ce nom quand il était jeune enfant il y a une soixantaine d’année. Ils nous ont également conseillé de nous arrêter au KEP qui est le centre qui gère l’administratif pour la vallée où nous avons demandé s’ils avaient des registres des mariages, baptêmes et décès. Hélas, les Ottomans puis les Nazis ont détruit les archives locales, ne nous permettant pas de remonter la généalogie familiale.

Notre retour à Athènes fut sans encombre dès le lendemain. Nous étions tout de même content comme après chaque voyage de retrouver notre cocon. Nous y avons passé 2 jours à ne rien faire. Dormir, jouer, lire manger. Le rêve quoi !!

Après cette micro-hibernation, nous sommes partis dans notre deuxième cocon Kilada. Nous avons trouvé une maison bien froide et humide. Nous avons après de multiples péripéties, réussi à la chauffer grâce aux clims réversibles. Nous avons profité d’une semaine de beau temps à 20 degré l’après-midi au soleil. Nous nous sommes baladés chaque jour et profité comme jamais de la campagne environnante.

Et voilà les vacances se sont terminées par la bénédiction de notre mer méditerranée lors de la cérémonie de l’épiphanie !

Et nous voilà de retour au cocon Athéniens pour vous compter tout ça !

Carte :

https://www.google.com/maps/d/edit?mid=1wXA-XXofDP6HT3BmiLcgMZCHthOm1YU&usp=sharing